Article publié dans le magazine Paris Match N°3868 – Du 22 au 28 juin 2023.
Face au réchauffement climatique et à la tentation de la clim, le ventilo prend du galon et se réinvente. Tour d’horizon des instruments à vent les plus performants.
Par Clémence Pouget et Élodie Rouge
C’est une réalité, les climatiseurs ne refroidissent pas la planète, ils la réchauffent. En aspirant l’air chaud des bâtiments qu’elles rejettent à l’extérieur, ces machines participent au réchauffement de l’atmosphère. Par des simulations, les chercheurs du Centre national de recherches météorologiques ont conclu que si la chaleur émise par les climatiseurs parisiens venait à être doublée d’ici à 2030, l’augmentation de la température serait alors de 2 °C dans les rues de la capitale.
Or, selon l’Agence internationale de l’énergie, il y aura d’ici à 2050 environ 5,6 milliards de climatiseurs dans le monde contre 2 milliards actuellement, consommant à eux seuls la même quantité d’électricité que la Chine aujourd’hui. Avec dix nouveaux appareils vendus chaque seconde au cours des trente prochaines années, cette technologie constituera l’une des principales sources de la demande mondiale d’électricité. Car, à l’échelle de la planète, leur utilisation représente 10 % de la consommation d’énergie.
Un appareil qui ne se cache plus mais s’expose !
Si le ventilateur fonctionne lui aussi à l’électricité, son impact sur l’environnement n’est pas le même.
1. La consommation en kWh d’un ventilateur n’est que de 40 contre 1450 kWh pour le climatiseur.
2. Un climatiseur rejette des fluides frigorigènes responsables de l’augmentation de gaz à effet de serre. Et c’est là qu’intervient le célèbre serpent qui se mord la queue : plus les températures augmentent, plus nous souffrons des chaleurs plus nous avons envie de nous rafraîchir. L’ano ventilateur, dont l’invention unique et portable fut attribuée à l’ingénieur américain Schuyler Wheeler en 1882, fonctionne par mouvement mécanique. En diffusant l’air, il n’abaisse pas la température mais a un impact sur la température ressentie. Brasser l’air de la maison pour rendre la chaleur acceptable… Si le système a ses limites lors des pics de chaleur ou d’épisode caniculaire, l’option ventilo est de loin bien plus écolo et économique que le climatiseur.
Il s’affiche surtout comme un élément déco de nos intérieurs. Cet objet électroménager est un nouveau terrain d’expression pour les designers, un appareil qu’on ne cache plus mais qu’on expose à l’instar des frigos Smeg ou du grille-pain Alessi. « La dernière génération de ventilateurs possède une dimension esthétique ou un élément supplémentaire, décrypte Pauline Glaizal, diretrice artistique de Made in Design. Le ventilateur devient presque une installation d’art, un objet totémique. Parmi les modèles, le plafonnier revient sur le devant de la scène : on ne le connaissait que dans un univers colonial, il propose désormais un design plus contemporain…
Il existe également des typologies de ventilateurs très high-tech, de véritables objets connectés statutaires comme a pu le devenir l’enceinte. » Et il y en a pour toutes les envies : brumisation, humidification, purification de la pièce, diffusion antimoustiques !
Clémence Pouget et Élodie Rouge