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La fiche générique des brasseurs d’air plafonniers : un pis-aller ?

A la mise en place de la RE2020, le Ministère de l’Ecologie a créé une Déclaration Environnementale par Défaut (DED), qui permet de prendre en compte les brasseurs d’air plafonniers (BAP) dans un projet de bâtiment neuf.

Les spécialistes de l’analyse de cycle de vie (ACV) avaient alors remarqué que cette fiche n’était pas très favorable : avec 136 kg CO2eq[i], les ventilateurs de plafond n’étaient pas spécialement valorisés au plan carbone.

Pour mémoire, cette fiche est accessible ici.

A compter de mars 2025, le Samarat est le tout premier brasseur d’air plafonnier de marque à obtenir sa fiche PEP (Profil Environnemental Produit) et obtenir sa publication sur le site INIES.

Qu’est-ce que l’ACV dynamique, et pourquoi est-elle importante pour l’impact carbone du Samarat ?

Pour comparer des produits qui n’ont pas la même durée de vie et la même performance, il faut s’appuyer sur une notion essentielle : l’ACV dynamique[ii]. Avec cette approche, les émissions de gaz à effet de serre (GES) se voient pondérées dans le temps. Ainsi, une émission survenant au début du cycle de vie a un impact plus élevé qu’une émission tardive.

En effet, l’ACV statique, basée sur le simple cumul des données apparaissant sur les fiches, compare des données de nature et de durée différente : ainsi, la DED du Ministère de l’Ecologie se base sur une Durée de Vie de Référence (DVR) de 15 ans, alors que les PEP du Samarat considèrent une DVR de 17 ans.

Un bâtiment est considéré comme ayant une durée de vie de cinquante ans (dans une ACV réglementaire RE2020). L’ACV dynamique intègre un coefficient qui décroît, tous les ans, de l’origine (100%), jusqu’à 50 ans (57,8%).

Les impacts carbone suivants sont pris en compte, incluant toutes les phases de transport intermédiaires :

  • Extraction des matières premières
  • Fabrication
  • Distribution
  • Installation
  • Fin de vie
  • Recyclage, réemploi, réutilisation…

La phase d’utilisation est traitée séparément, nous en parlons ci-après.

Figure 1 : étapes de l’ACV

Quel impact carbone pour les différentes versions du Samarat ?

Sur les 50 ans de durée de vie du bâtiment, plusieurs remplacements vont avoir lieu pour tenir compte de la durée de vie propre au brasseur d’air plafonnier. Le calcul en ACV dynamique, qui s’applique en RE2020, donne un impact carbone total de 383 kg CO2eq pour la DED du Ministère de l’Ecologie. En moyenne annuelle sur la durée de vie du bilan, cela représente 7,7 kg CO2eq pour ce brasseur d’air[iii].

Sur les mêmes bases, le Samarat sans led dégage au total 77 kg CO2eq, soit 1,5 kg CO2eq en moyenne annuelle.

Quant au Samarat avec led (on cumule les deux fiches PEP), on obtient 142 kg CO2eq, soit 2,8 kg CO2eq en moyenne annuelle.

Figure 2 : résultats ACV dynamique

A titre informatif, voici les résultats issus d’une ACV statique (données brutes issues des fiches PEP) :

Figure 3 : totaux ACV statique
Ainsi, en ACV dynamique, le Samarat émet pratiquement 5 fois moins de CO2 sur sa la durée de vie réglementaire d’un bâtiment que le brasseur d’air par défaut présenté sur le site INIES !

Pourtant, comme nous l’expliquons ci-après, les impacts liés à l’utilisation (module B) sont considérés comme nuls dans la DED du Ministère, ce qui lui donne un avantage considérable pour les totaux en ACV dynamique et statique !

Les seuils carbone de la RE2020 atteignent des niveaux plus exigeants dès 2025, qui se renforceront encore en 2028 et 2031[iv]. Dès lors, proposer aux maîtres d’ouvrage des appareils à faibles émissions devient un défi essentiel, qui participe à l’ensemble de l’équilibre économique d’un projet.

Figure 4 : comparaison des impacts carbone sur la durée de vie d’un bâtiment

Quelles sont les phases prises en compte dans l’ACV ?

Le schéma ci-dessous représente les séquences de l’analyse de cycle de vie utilisées dans le cadre des fiches PEP.

Quatre grands blocs, dénommés « modules » permettent de quantifier précisément les impacts environnementaux des produits : les modules A, B, C et D.

Figure 5 : présentation des modules d’une analyse de cycle de vie, source INIES
Comme on le voit, le module B couvre les impacts liés à l’utilisation. Le tableau ci-dessous synthétise les éléments pris en compte dans les sous-modules composant le module B.
Figure 6 : sous-éléments du module B
Dans l’ACV réglementaire, le module B6, qui représente l’essentiel de la phase utilisation, n’est pas pris en compte dans l’indicateur IC Construction[v]. Il n’est pas exploité sur la base des données de la fiche PEP. Il est issu du calcul de la RE2020-énergie et converti selon le mix CO2 de l’électricité en France ; il est intégré à l’indicateur IC Energie[vi].

Rappelons que dans la DED du Ministère de l’Ecologie, le module B est affecté d’une valeur nulle, ce qui n’est pas le cas dans les PEP du Samarat. La performance environnementale du Samarat est donc encore plus forte que ne le montrent les calculs en ACV dynamique !

Enfin, le module D couvre les impacts au-delà de la fin de vie d’un produit :

  • par exemple, le recyclage des matériaux permet de donner vie à de nouveaux produits, en évitant d’extraire et de raffiner des matières premières,
  • d’un autre côté, dans le cas d’une valorisation énergétique (combustion du plastique pour produire de l’énergie), les émissions de GES peuvent être supérieures aux bénéfices de l’énergie produite.

Fiche PEP : au-delà du carbone

La fiche PEP traite de l’ensemble des aspects environnementaux de matériels, principalement matériels électriques, électroniques et équipement techniques.

Les matériaux de construction sont de leur côté caractérisés par des Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES).

Dans les deux cas, les produits font l’objet d’ACV qui vont traiter, outre l’aspect carbone–changement climatique, la contribution des produits à 30 critères environnementaux dont entre autres :

  • L’appauvrissement de la couche d’ozone (CFC)
  • L’acidification des océans
  • L’eutrophisation aquatique et terrestre (phosphates)
  • L’épuisement des ressources minérales, métallurgiques et fossiles
  • L’émission de particules fines
  • La dégradation de la santé humaine
  • La production de déchets, dangereux ou non
  • Etc.

Les fiches PEP recensent ces critères environnementaux autres que le CO2, et sont calculés par les logiciels d’ACV. Ils ne sont toutefois pas des indicateurs réglementaires de la RE2020.

Ainsi, les questions touchant à l’eau doivent être renseignées. Elles sont calculées à titre informatif, mais n’ont pas d’incidence sur les indicateurs réglementaires à respecter actuellement.

Règles de catégories de produits spécifiques : de quoi s’agit-il ?

Les PSR (product specific rules) sont des cahiers de règles qui définissent des références ou des éléments de comparaison internes à différentes familles de produits.

Ces documents sont généralement établis par les associations professionnelles en relation avec l’association PEP-Ecopassport.

Ainsi, le PSR-0008 définit les règles spécifiques aux équipements de ventilation, de traitement d’air, de filtration ou de désenfumage mécanique.

Figure 7 : couverture d’un cahier de règles spécifiques PSR

Pour chaque produit, les règles spécifiques présentent des « unités fonctionnelles » et des « unités déclarées ».

L’unité fonctionnelle est basée sur le service ou la fonction rendue par le produit, elle permet une comparaison des produits de la même famille entre eux. Elle utilise une valeur de référence.

A titre d’exemple, l’unité fonctionnelle des unités de ventilation est la suivante :

« Assurer un transfert d’air d’1m3/h, en vue de la ventilation, et/ou traitement d’air, et/ou le désenfumage, et/ou la filtration d’un bâtiment pendant la durée de vie de référence de X ans.»

L’unité déclarée pour les mêmes systèmes apparaît ci-dessous. Elle est basée sur les caractéristiques purement descriptives du produit

« Assurer la ventilation, et/ou traitement d’air, et/ou le désenfumage, et/ou la filtration d’un bâtiment à l’aide d’un xxx [insérer le système considéré] de débit nominal xx m3/h) pour une durée de vie de X ans. »

Dans le premier cas, on va parler d’une performance pouvant être comparée (cf la valeur d’1m3/h), alors que dans le second, on va juste décrire les caractéristiques techniques de l’appareil.

Les PSR décrivent également un cadre pour les scénarios d’ACV, de la fabrication à la fin de vie.

Pour les brasseurs d’air plafonniers, il n’existe pas à ce jour de PSR.

En revanche, les unités fonctionnelle (UF) et déclarée (UD) ont été définies :

  • UF : Assurer un brassage d’air de 1 m3/s, pour une durée de vie de référence de 17 ans, en vue de rafraîchir la peau des occupants.
  • UD : Assurer un brassage d’air de 2,23 m3/s, pour une durée de vie de référence de 17 ans, en vue de rafraîchir la peau des occupants.

 

Un PCR en attendant le PSR

Comme la plupart des produits pionniers qui ne bénéficient pas encore de PSR, le Samarat s’inscrit dans le cadre plus large du PCR (Product Category Rules ou Règles de Catégorie Spécifique).

Le PCR fixe une base méthodologique standardisée pour faire en sorte que les fiches PEP, issues de différents fabricants ou correspondant à différents équipements, restent comparables et cohérentes.

Accédez aux fiches PEP du Samarat !

Les différentes fiches PEP du Samarat sont désormais accessibles dans l’Espace Pro.

Elles peuvent être également consultées dans la base INIES.

Pour y accéder, il vous suffit d’aller sur la base INIES (https://base-inies.fr/consultation/recherche-fdes) et de taper « brasseur » dans la cellule « mots-clés », comme ci-dessous.

Figure 8 : accès aux données sur la base INIES

Les fiches PEP présents dans l’Espace Pro s’appliquent à l’ensemble de la gamme Samarat. Ainsi, l’impact réduit du thermostat sur le bilan ACV fait que les Samarat concernés sont assimilés à un Samarat sans led standard.

En revanche, les appareils ne bénéficiant pas de ces fiches PEP (Exhale, Izyfan) continuent à se référer à la DED du Ministère de l’Ecologie.

 

Nota : les fiches PEP du Samarat ont été établies par le bureau d’études New Eco-Conception, qui a aimablement relu le texte de cet article.

[i] Les impacts carbone sont communiqués en kg d’équivalent CO2.

[ii] Voir également l’article du CEREMA ci-après : https://www.cerema.fr/fr/actualites/reglementation-environnementale-2020-quelles-definitions#toc-presentation-de-la-methode-de-calcul-dynamique

[iii] 383 kg CO2eq / 50 ans = 7,7 kg CO2eq / an

[iv] Nous sommes en cours de rédaction d’un article dédié qui sera prochainement publié. L’ensemble des inscrits à l’espace pro sera informé de sa parution.

[v] L’indicateur carbone de la construction (IC Construction) mesure l’impact carbone des matériaux et des processus utilisés lors de la construction.

[vi] L’indicateur carbone de l’énergie (IC Energie) concerne l’impact carbone de la consommation énergétique du bâtiment en phase d’exploitation.

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